Venez découvrir le texte de Paul à propos de cette compétition passionnante 😉

«Ecuyer, passe-moi mon olifant !», s’écrie Messire Paul, duc du Haut-Sundgau. Sa voix de stentor fait trembler les pièces noires et blanches du jeu d’Echecs posé devant lui. Trois longues sonneries résonnent dans l’épaisseur d’un air satiné comme du velours. Le Rhin coule, pailleté d’or, aux pieds de la passerelle. Les sonneries, puissantes, stridentes font frémir l’onde. Et, déjà, vibrent entre Vosges et Forêt-Noire.
Ainsi s’annonce le retour en lice des Légendes. Ces chevaliers, preux parmi les preux, sinon nobles, sinon cardinaux, sinon roturiers anoblis, tous vaillants, tous intrépides, tous marqués du sceau royal de l’éternité, à nouveau, après avoir traversé mille dangers, peste, choléra, pandémie, vont s’affronter en joutes épiques dans le plus noble des jeux : les Echecs !
Qui sont-ils ?
Voici Dame Danielle, baronne de Courlancy, future Reine de France et de Navarre, présentement affairée à préparer les fioles de poison que, sournoisement, et non sans sourire aux lèvres, perfide, elle servira à ses rivaux pour la quête du Graal…
Monseigneur Joseph-Marie, communément appelé Jo, cardinal et duc de Marigny, frère cadet du Très Saint Père, le pape Jean XXII, éternel bretteur dont les bottes en cuir, couleur rouge sang, recèlent, chacune, mille et un secrets…
François le Pieu, autrefois hallebardier à la garde Suisse du Pape Clément V, anobli par ce dernier pour sa bravoure légendaire montrée lors de la 7e croisade du roi Saint-Louis. Louis IX ne lui doit-il pas d’avoir, en moins de quatre années, permis à Jérusalem de se défendre des Mamelouks ?… François le Pieu prie. «Seigneur, permettez-moi de triompher sur l’échiquier !» Et de se battre la coulpe…
Werner von Kaempfé, comte de Cologne, connétable de l’Empereur Frédéric III, empereur du saint Empire Romain germanique. Déjà présent à Crécy, où il pourfendit les Anglais pour le compte du roi de France, Philippe VI de Valois, son courage n’a jamais tiédi depuis. Le comte Werner est éternel. Autant, au moins, que sa brave épée échiquéenne est légendaire…
Monseigneur Jean-Paul, comte d’Artois, régent de France pour régner en lieu et place de son neveu, le Roi Charles IV le Bel. Une main de fer dans un gant de soie. Un esprit fin dans une gestuelle fine, élégante, racée. Une chanson de geste à lui tout seul. Cent couplets n’y suffiraient. Et puis, quelle force au combat, téméraire, intrépide, à laquelle pareille ?…
Sire Eric, descendant des Chevaliers de la Table Ronde, duc de Normandie rompu aux joutes. «Courageux de corps et d’âme», disent de lui ses pairs. Ce chevalier pur porte haut un seul et même étendard : celui, où il excelle, du défenseur de l’honneur des dames…
Le Chevalier Bruno, Vicomte de Plantagenet, rompu aux champs de bataille où son courage et sa bravoure l’ont toujours porté au coeur des forces ennemies, où l’acier de son épée a transpercé mille écus, mille boucliers, mille heaumes, mille cotes de maille, où, en somme, chaque lendemain, invariablement, chante honneur et gloire…
Lord Clément, duc de Kent, est un partisan de la Reine Isabelle. Ce fin bretteur joue aux Echecs comme il joue avec les Dames. Tout en élégance. Tout en dentelle. Terrible chevalier dont l’oeil sombre en dit bien plus long que sa main brodée de velours. «A la fin de l’envoi, je touche», semble, en effet, terrible, dire le perçant de son regard…
Horst et son copain… Le duc Horst von Hohenstaufen fait route. Et jamais sans son fidèle écuyer. Les voici, tous les deux, qui chevauchent la campagne, lancés, droit devant, dans une quête intrépide. L’horizon verdoie. Le chemin poudroie. La passerelle se rapproche tandis que les destriers filent ventres à terre. Les dagues, tout à l’heure, sortiront de leurs fourreaux. Un sang d’encre noircira les échiquiers…
Michel, Archiduc de Schaerges, s’est révélé par son empressement un peu vif à mettre son épée au service des Dames, certes. Lord Clément a son jumeau de ce côté-ci de la Manche. Qui, cependant, ne porterait-il crédit au courage de l’Archiduc, son audace à pour manier la dague, lui, si vif, intrépide, lorsque le combat fait rage entre pièces blanches et pièces noires…
Paul, enfin, le duc du Haut-Sundgau, trépigne d’impatience de se retrouver dans le Grand combat… Et, surtout, en espérant la présence de chacun de ces preux, les plus nobles des nobles que le Royaume et l’Empire n’aient eu, depuis des siècles, le bonheur d’honorer…